Bernard et Christine, deux éminents membres de La Bande des Hautbois se sont retrouvés par hasard au concert donné le 7 janvier dernier au Théâtre des Champs Elysées par un quintette à vent composé de grands solistes internationaux. Chacun leur tour, ils nous livrent leurs émotions respectives sur ce moment musical.
Bernard
Invité par le conservatoire de Garches et son professeur de hautbois, Benjamin Pouchard, à venir écouter le « gratin » des vents français, j'ai pu assister à un concert d'une grande qualité.
Les Vents Français (photo : DR - www.theatrechampselysees.fr)
On retrouve sur cette photo, les cinq doigts d’une même main ou le « gratin » des Vents Français à l’honneur. De gauche à droite, Paul Meyer (clarinette) ; François Leleux (hautbois) ; Gilbert Audin (basson) ; Emmanuel Pahud (flûte) et Radovan Vlatković (cor)
Arrivé à 10h pour un concert qui commence à 11 heures, j’ai pu entrer rapidement dans la salle et comme le placement était libre, prendre une place au 5eme rang à droite de la scène, une place de choix. J’ai bien fait d’arriver tôt car le programme a l’air d’avoir séduit de nombreuses personnes. A 10h45, je voyais des gens s’installer à la galerie du 4eme étage. Je pense que ce succès n’avait pas été anticipé, car j’ai vu une personne repasser dans la salle avec une pile de programmes quelques minutes avant le début du spectacle.
La salle est toujours aussi belle, construite en 1913 dans le style "Art déco".
Les artistes se sont produits devant le rideau de fer recouvert par de l’or fin. On dit qu’il a fallu 500 grammes d’or pour couvrir ce rideau.
rideau du Théâtre des Champs Elysées (photo : www.pourcel-chefs-blog.com)
Le quintette est arrivé sur la scène à 11h05 de gauche à droite : flûte, hautbois, basson, cor et clarinette. C’est la première fois que je vois un musicien venir sur scène avec une tablette comme support de partition (Emmanuel Pahud).
La première œuvre était de Jacques Ibert, Trois pièces brèves : Allegro (en pressant jusqu’à la fin); Andante puis Assez lent-allegro scherzando-vivo.
Ce morceau de musique a été emmené à un train d’enfer par le quintette. Emmanuel Pahud et François Leleux faisaient œuvre de virtuosité, avec une complicité évidente entre ces deux concertistes. Belles intonations, souplesse et un brin d’espièglerie pour le hautboïste.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette œuvre, j’ai trouvé une vidéo sur Youtube beaucoup plus sage que celle que j’ai vue au théâtre des Champs Elysées
Ensuite, nous avons eu une œuvre de Samuel Barber : Summer music opus 31 (Slow and indolent- Faster – Lively still faster – With motion, as before – joyous and flowing – tempo 1). Belle œuvre pleine de romantisme, mais pourvue de parties rapides avec des détachés acrobatiques. Un régal auditif : de beaux timbres d’instruments qui se complètent à merveille.
Pour ceux qui ne connaissent pas l’œuvre, une vidéo
L’œuvre suivante, très connue, fut le tombeau de Couperin. Œuvre superbe de M. Ravel initialement écrite pour piano solo, elle a été ensuite adaptée pour orchestre et enfin pour quintette à vent par le corniste américain Mason Jones. (Prélude Vif en mi mineur ; Forlane allegro moderato ; Menuet ; Rigaudon assez vif). C’est le hautbois qui lance le morceau. Sur un rythme très rapide, il a de superbes attaques et des détachés impressionnants avec une rondeur de son enjôleuse. Une autre vidéo pour l’œuvre
Ensuite André Jolivet, quintette (Cantilène ; Caprice ; intermède ; Marche burlesque). Cette œuvre commence par un morceau plus calme : vidéo ici
Le groupe sort de scène et seuls le hautbois, clarinette et basson reviennent pour les variations sur « La ci Darem La Mano » de Ludwig van Beethoven. Initialement écrite pour 2 hautbois et cor anglais sur un thème de « Don Giovanni » de Mozart, cette œuvre est menée tambour battant par le trio. Tour à tour les concertistes font leurs variations à un rythme ultra rapide pendant que les deux autres jouent le célèbre thème de Mozart. Impressionnante la virtuosité du basson de Gilbert Audin.
Les 2 autres compères entrent à nouveau sur scène pour interpréter le dernier morceau du concert : Kammermusik pour quintette à vent de Paul Hindemith. Ce morceau est beaucoup plus sérieux. Il a été écrit alors qu’il était 1er violon à l’orchestre de Francfort pour ses collègues vents solo de l’orchestre.
Les applaudissements à la fin du programme ont été soutenus et après trois sorties de scène, les artistes nous ont offert en bis un extrait du 1er morceau de Jacques Ibert.
Ce fut un très beau concert. Pour les fans qui acceptaient d’attendre, les artistes ont offert une séance de dédicaces. Une dame vendait des CD et une immense queue s’était formée par les gens qui attendaient une signature sur le programme ou autre support.
séance dédicace en fin de concert (photo : Bernard H.)
séance dédicace en fin de concert (photo : Bernard H.)
Bernard, hautboïste
Christine dV.
(comme nous collectionnons les Christine à La Bande des Hautbois, nous ajoutons l'initiale de leur patronyme pour les différencier. Mais Christine dV. se démarque des deux autres même sans son initiale car c'est une bassoniste...)
C'est à la répétition d'orchestre le lendemain soir, que nous réalisons avoir eu la chance d'assister au même concert Bernard et moi. Pour ma part, je remercie l'Association bassons, de m'avoir permis de partager ce magnifique moment musical en famille en relayant l'information sur Facebook.
Pas évident d'extirper mes ados de leur lit un dimanche à 9h du mat !! Mais les occasions d'écouter un quintette à vent de cette qualité étant rares, je n'ai pas eu à insister beaucoup pour les persuader de me suivre. Le fait que l'un est flûtiste, le second jouant du bugle et moi-même du basson, n'est par ailleurs pas totalement innocent dans le choix de cette formation instrumentale... qui sait, je parviendrai peut-être à les convaincre de m'accompagner sur un répertoire plus modeste.
J'étais agréablement surprise de voir autant de spectateurs, tous âges confondus. Nous étions au second balcon. Cette salle a le mérite de n'offrir que des places de qualité ! Nous avions donc une très bonne audition et visibilité des interprètes. Le plaisir de ces messieurs à jouer ensemble était si manifeste qu'il devenait communicatif ! On en oublierait presque la difficulté tant leur virtuosité est grande. Enfin, le temps du concert en tous cas...
Seconde satisfaction en ce qui me concerne : admirer le travail de l'architecte Auguste Perret qui a réalisé quelques monuments d'exception à Paris.
photo : Wikipédia
Et à l'issue du concert, promenade sur les Champs-Élysées fermés à la circulation ce jour-là !! Elle est pas belle la vie ??
Christine, bassoniste